Quinze personnes, dont deux femmes, ont été tuées dimanche lors de frappes israéliennes sur Damas, qui ont visé un quartier sécurisé abritant le siège de plusieurs organes de sécurité selon une ONG.
Il s’agit des raids israéliens les plus meurtriers sur la capitale syrienne depuis le début de la guerre civile, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation non-gouvernementale disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie.
La frappe a notamment visé le quartier de Kafr Sousa, une zone de haute sécurité qui abrite les sièges de services de sécurité et de renseignement et où vivent de hauts responsables.
Le ministère syrien de la Défense a fait état d’un bilan provisoire de cinq morts, « dont un soldat », et de 15 blessés « pour certains dans un état critique ».
« A 00H22, l’ennemi israélien a commis une agression aérienne depuis le plateau du Golan occupé, visant plusieurs secteurs de Damas et de ses environs, dont des quartiers résidentiels », a affirmé le ministère de la Défense.
Il a assuré que la DCA syrienne était entrée en action et avait « abattu plusieurs missiles ».
Selon l’OSDH, le bilan se monte à 15 morts, dont des civils parmi lesquels deux femmes.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de l’armée israélienne s’est refusé à commenter. L’Etat hébreu mène régulièrement des frappes, notamment contre les milices pro-iraniennes engagées aux côtés du régime dans ce pays en guerre, mais ne les confirme pas. Et il est rare que des zones résidentielles de la capitale syrienne soient ciblées.
Selon un correspondant de l’AFP, un immeuble a été visé, et un cratère béant était visible devant l’entrée du bâtiment. Des habitants sortaient dimanche matin des affaires de l’immeuble qui a été évacué.
Six autres immeubles proches ont été endommagés, a-t-il ajouté.
Selon l’OSDH, le quartier touché abrite un centre culturel iranien, qui n’a pas été endommagé. Il n’a pas été possible de savoir quel objectif était visé.
Il s’agit de « l’attaque israélienne la plus meurtrière sur la capitale syrienne » à ce jour, a souligné Rami Abdel Rahman, chef de l’OSDH.
Selon lui, des missiles israéliens ont également visé un entrepôt de milices pro-iraniennes et du Hezbollah libanais près de Damas.
- Fortes explosions –
Les habitants de Damas ont été réveillés par le bruit de fortes explosions, alors que des ambulances se dirigeaient vers le site visé, selon le correspondant de l’AFP.
A Téhéran, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani a « fermement condamné les attaques du régime sioniste contre des cibles à Damas et dans sa banlieue, y compris contre certains immeubles résidentiels ».
Dans un communiqué, il a ajouté que ces raids avaient fait des morts et des blessés parmi « un certain nombre de citoyens syriens innocents ».
Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes chez son voisin, ciblant prioritairement des positions de l’armée syrienne, des forces iraniennes et du Hezbollah libanais, alliés du régime syrien.
L’Etat hébreu commente rarement ses frappes contre la Syrie mais affirme régulièrement qu’il ne laissera pas l’Iran étendre son influence aux frontières d’Israël.
Les autorités israéliennes dénoncent fréquemment l’aide militaire apportée par l’Iran à Damas ainsi qu’à des groupes chiites comme le Hezbollah.
Début janvier, quatre personnes, dont deux soldats syriens, avaient été tuées selon l’OSDH dans des frappes israéliennes contre l’aéroport international de Damas, qui l’avaient rendu hors service pendant plusieurs heures.
Selon l’ONG, l’attaque avait visé « des positions du Hezbollah et de groupes pro-iraniens dans l’aéroport et ses environs, y compris un dépôt d’armes ».
Fin 2022, dans la présentation de ses perspectives pour 2023, l’armée israélienne avait prévenu qu’elle « n’accepter(ait) pas un Hezbollah 2.0 en Syrie ».
L’aéroport d’Alep, le deuxième plus important du pays, avait également dû fermer pendant plusieurs jours en septembre à la suite de raids israéliens.
Déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait environ 500.000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
Les frappes israéliennes sont les premières depuis le séisme du 6 février qui a frappé la Turquie et la Syrie voisine, faisant au moins 3.688 morts dans ce pays.