La rupture Diomaye – Sonko : Le combat de l’opposition pour diviser en vue de mieux régner

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Depuis plusieurs semaines, le paysage politique sénégalais est secoué par des tensions perceptibles au sommet de l’État, autour du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre, Ousmane Sonko. Absences remarquées, déclarations controversées et meetings politiques annoncés, certains observateurs craignent une véritable fracture au sein de la coalition au pouvoir. Une éventuelle rupture entre les deux têtes de l’exécutif serait un cadeau politique pour l’opposition, qui ne manquerait pas de capitaliser sur ce climat de division pour tenter de reprendre la main.

Le Sénégal traverse actuellement une période marquée par des tensions économiques sensibles. Dans ce contexte fragile, la gouvernance de l’exécutif est scrutée à la loupe. L’absence du Premier ministre Ousmane Sonko lors du Conseil des ministres du 22 octobre dernier a ainsi alimenté de nombreuses spéculations. Ce rendez-vous gouvernemental, pourtant crucial pour évaluer la mise en œuvre du Plan de Redressement Économique et Social (PRES) et de la Stratégie nationale de Développement (SND), a été marqué par le vide du chef du gouvernement.

Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR – LES LEADERS, n’a pas tardé à réagir, dénonçant une « désinvolture inquiétante » de Sonko face aux souffrances des Sénégalais. Dans un communiqué, il écrit : « Un Premier ministre qui chante pendant que Rome brûle n’abandonne pas seulement son poste. Il renie la gravité de l’heure, l’honneur de sa charge et la confiance de tout un peuple. » Pour Bocoum, la situation justifierait, dans toute démocratie exigeante, une « démission immédiate ». Cette sortie souligne la perception, parmi certains acteurs politiques, d’un manque de réactivité du gouvernement face aux défis économiques. Mais elle révèle également une tension politique latente, qui dépasse la seule gestion des finances publiques.

Le Premier ministre face à ses partisans

De son côté, Ousmane Sonko a choisi de s’adresser directement aux Sénégalais, annonçant un événement baptisé Terra Meeting prévu le 8 novembre 2025. Selon le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Amadou Ba, qui a défendu le chef du gouvernement sur les réseaux sociaux, Sonko « dialogue avec le peuple sur les urgences du moment ». Il rejette par ailleurs les critiques, qu’il qualifie de « manipulation sordide et puérile ». Cependant, ce choix de communication a été interprété différemment par d’autres observateurs. Babacar Ba, président du Forum du justiciable, a estimé que l’intervention du Premier ministre n’était pas opportune. « S’il y avait un message important à transmettre, le Président Diomaye était la personne la mieux indiquée pour le faire », note-t-il. Pour le juriste, un éventuel divorce entre le président et Sonko plongerait le Sénégal dans une crise « très profonde, d’abord politique, puis économique ». Le différend potentiel dépasse donc la seule sphère partisane. Il va toucher à l’équilibre institutionnel et à la stabilité nationale.

L’opposition en embuscade

Face à ce climat, l’opposition observe avec attention. Le Mouvement des Sénégalais Démocrates (MSD), conduit par l’opposant Moustapha Diakhaté, a lancé une pétition pour exiger la démission du Premier ministre, visant à recueillir un million de signatures à travers le Sénégal et la diaspora. Dans un manifeste publié sous la bannière « Mouvement Sonko Dégage », le MSD dénonce « une crise multidimensionnelle sans précédent », pointant « l’effondrement spectaculaire de l’économie nationale » et « la confiscation des institutions républicaines au profit d’un camp politique ». Les critiques de l’opposition portent également sur des « pratiques exclusionnistes », des licenciements ciblés et une instrumentalisation supposée de l’appareil judiciaire. Selon les initiateurs, la coalition au pouvoir serait en train de créer un climat propice à l’injustice et à la division. Pour eux, toute tension au sommet de l’exécutif serait une aubaine pour renforcer leur campagne et mobiliser l’opinion publique.

Ainsi, une rupture Diomaye – Sonko serait un scénario rêvé pour l’opposition. Elle permettrait de présenter le gouvernement comme fracturé et incapable de gérer les urgences nationales, tout en renforçant les narratives de crise et de malaise institutionnel.

L’appel à l’unité du ministre Diouf

Dans ce contexte, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Dr Abdourahmane Diouf, a choisi d’intervenir. Invité de l’émission En Vérité sur la Radio Sénégal Internationale (RSI), il a livré un message d’apaisement et de cohésion nationale. Pour lui, le président Diomaye Faye est « le président de tous les Sénégalais » et non le chef d’un parti. Il a insisté sur la nécessité de dépasser rancunes et ressentiments, de promouvoir la justice sans vengeance, et de préserver l’unité nationale.

Cette sortie a été interprétée comme un avertissement implicite au Premier ministre Sonko et à la majorité présidentielle. Les tensions doivent être maîtrisées pour éviter que le pays ne sombre dans la division. Pour Diouf, la haine et la rancune menacent la stabilité du Sénégal et il est impératif de privilégier la réconciliation et la modération.

Les réactions dans la majorité présidentielle

Les déclarations de Dr Diouf ont provoqué des réactions contrastées. Le maire de Dakar, Abass Fall, a critiqué le ministre, jugeant ses propos « discourtois et inintelligents » et accusant certains acteurs de saper l’unité du parti. Toussaint Manga, directeur général de la LONASE et membre de Pastef, a également reproché au ministre d’avoir mal choisi ses mots, soulignant la distinction entre justice et revanche.

Pourtant, d’autres voix se sont élevées en soutien à Diouf. Alioune Tine, fondateur d’Africajom Center, a salué sa posture « courageuse et lucide », estimant que la réconciliation et l’apaisement étaient essentiels pour permettre au pays de décoller.

Ces réactions montrent que même au sein de la majorité présidentielle, l’interprétation des gestes politiques et des déclarations publiques varie considérablement, renforçant les perceptions de tensions latentes.

L’opposition, stratège du désordre

L’opposition ne se cache pas. Toute fracture dans l’exécutif est pour elle une opportunité. Elle cherche à polariser l’opinion publique. Pour elle, un gouvernement divisé est un gouvernement affaibli, et un peuple inquiété est plus susceptible de se mobiliser contre ses dirigeants.

Dans cette logique, chaque geste ou parole publique du président ou du Premier ministre est scruté et peut être instrumentalisé. L’opposition joue un rôle stratégique exacerbe les tensions, amplifie les polémiques et cherche à présenter la majorité comme incapable de gérer les urgences du pays.

L’importance de la responsabilité

Une rupture entre le président et le Premier ministre aurait des conséquences graves pour le Sénégal. Politiquement, elle affaiblirait la coalition au pouvoir, ouvrirait des failles que l’opposition pourrait exploiter et enverrait un signal négatif aux partenaires internationaux. Économiquement, elle risquerait d’accentuer les difficultés du pays en perturbant la gouvernance et en créant un climat d’incertitude pour les investisseurs et les acteurs économiques. « Un divorce entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, plongerait le pays dans une crise très profonde », avertit Babacar Ba. Cette alerte rappelle que, dans un contexte de fragilité économique et sociale, la cohésion au sommet de l’État est un impératif.

Face à ce risque, les voix de la raison insistent sur la responsabilité des deux leaders. Le président Diomaye et le Premier ministre Sonko doivent éviter tout geste qui pourrait être interprété comme un affrontement ouvert. La stabilité politique et économique du Sénégal dépend de leur capacité à gérer les divergences en interne, à préserver l’unité institutionnelle et à répondre efficacement aux besoins des citoyens.

Le Sénégal est à un carrefour politique sensible. Les tensions entre le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sont scrutées avec inquiétude par les citoyens et les observateurs. L’opposition, attentive et stratégique, pourrait tirer profit de la moindre fracture pour remettre en question l’autorité de l’exécutif.

Mais ce scénario n’est pas une fatalité. La responsabilité des deux leaders est cruciale. Ils doivent éviter toute rupture qui fragiliserait le pays et profiter de ce contexte pour renforcer l’unité et la confiance citoyenne. La stabilité nationale et la crédibilité de la gouvernance passent par la cohésion au sommet de l’État. Tout écart, toute querelle visible serait un cadeau politique pour l’opposition, prête à exploiter la moindre faille. La prudence, le dialogue et l’apaisement ne sont pas des options, ce sont des impératifs pour garantir la continuité du développement et la paix sociale au Sénégal.

El Faye 

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