7ème édition de la Journée africaine de lutte contre la corruption : les efforts du Sénégal mis en exergue par Serigne Bassirou Gueye

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la 7ème édition de la Journée africaine de lutte contre la corruption a célébré, ce mardi 11 juillet 2023,placée sous le thème : « Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, 20 ans après : bilan et perspectives ». La cérémonie d’ouverture officielle, qui s’est tenue au Centre africain d’études supérieures en gestion (CESAG), à Dakar, a été présidée par le représentant du ministre et secrétaire général de la présidence de la République, Pr Ousmane Khouma, par ailleurs, ministre conseiller juridique, en présence notamment, du Président de l’OFNAC, M. Serigne Bassirou Guèye, et la Directrice générale du CESAG, Pr Worou Rosaline Dado Houndekon.

 

Une occasion pour évaluer les résultats obtenus
 
Le 11 juillet marque le jour où l’Union africaine (UA) a adopté la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC), il y a 20 ans, aujourd’hui. Une belle opportunité pour la communauté africaine, confrontée à un fléau d’une telle ténacité et d’une telle complexité, pour évaluer les résultats obtenus à ce jour. Elle permet également de questionner « la viabilité et la résilience » des outils juridiques et des organes existants, mais aussi de s’ouvrir à de nouvelles idées porteuses de progrès et de changement. Elle donne enfin l’occasion aux Etats de jauger leurs propres systèmes d’organisation à l’aune des « meilleures pratiques » en cours dans d’autres contrées.
 
« La corruption est devenue un phénomène endémique qui serait à l’origine de pertes annuelles d’un montant de 148 milliards de dollars »
 
A ce titre, le Président de l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) du Sénégal est revenu sur les enjeux de ce fléau qui gangrène les sociétés africaines. « La corruption est devenue un phénomène endémique. Selon une note de l’ONUDC, je cite : ‘’la corruption et le transfert de fonds illicites contribuent à la fuite des capitaux en Afrique, où plus de 400 milliards de dollars ont été détournés et mis à l’abri à l’étranger’’. Fin de citation. Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement, elle serait à l’origine de pertes annuelles d’un montant de 148 milliards de dollars, ce qui représente 25% du PIB continental », a révélé Serigne Bassirou Guèye.
 
Pour lui, « ces pratiques séculaires freinent les efforts du continent noir pour sortir tous ses habitants de la pauvreté, nourrir et éduquer ses enfants et fournir des services de base à ses citoyens. A l’en croire, « elles empêchent l’Afrique de se maintenir sur une voie durable pour réaliser l’Agenda 2063 et les objectifs mondiaux de développement durable ».
 
« La corruption semble avoir définitivement ancré ses tentacules sur le continent »
 
Le Président de l’OFNAC est d’avis que la corruption a définitivement enraciné ses manœuvres en Afrique. « Si l’on en juge par les gros titres à la une des médias de masse ou par les rapports d’institutions aussi sérieuses que les banques de développement, la corruption semble avoir définitivement ancré ses tentacules sur notre continent », a-t-il souligné. Selon Serigne Bassirou Guèye, le fait d’accepter cette réalité comme « une fatalité et de s’y complaire, en plus de relever d’un certain esprit de démission, ne rend pas justice aux efforts colossaux que les hommes et femmes du continent continuent de consentir pour bouter la corruption hors de nos frontières ».
 
« Nous remarquons un mouvement général et irréversible vers une intensification de la lutte »
 
Face à ce phénomène, le successeur de Seynabou Ndiaye Diakhaté soutient que beaucoup d’efforts ont été consentis, notamment au Sénégal. « Depuis 2003, comme le dit l’adage, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Nous remarquons un mouvement général et irréversible vers une intensification de la lutte contre cette gangrène. Les législations africaines ainsi que les structures organisationnelles ont depuis lors subi de profondes et rapides mutations pour être à la hauteur des nouveaux enjeux. Pour illustrer mon propos, point sera besoin d’aller loin. L’exemple du Sénégal suffit à démontrer le dynamisme observé au plan continental », a laissé entendre la Magistrat.
 
Il ajoute : « Je voudrais rappeler, à cet égard, que notre pays a mis en place dès l’année d’adoption de la Convention de l’Union africaine, une commission nationale de lutte contre la corruption, la non-transparence et la concussion. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant qu’en 2012, Son Excellence, monsieur le Président de la République, dès son accession à la magistrature suprême, décide de créer l’organe indépendant qu’est devenu l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption. Deux années tout juste après cette réforme majeure, l’OFNAC se voyait conférer la compétence exclusive en matière de réception, de contrôle et de conservation des déclarations de patrimoine. A cela s’ajoute, la création intervenue récemment en 2021, de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (ONRAC) qui a déjà entrepris deux activités concluantes de ventes aux enchères de produits confisqués. Par ailleurs, il convient de relever que, conscient des interrelations entre la lutte contre la corruption et le développement, l’Etat du Sénégal a intégré la dimension « lutte contre la corruption » dans ses priorités de développement définies dans le Plan Sénégal émergent (PSE), cadre de référence de la politique économique et sociale du pays ».
 
Selon lui, à la faveur de cet engagement, le Sénégal peut aujourd’hui se prévaloir de « figurer dans le cercle restreint des pays qui ont réussi à mettre en place une stratégie nationale » de lutte contre la corruption.
 
« Malgré les engagements collectifs apparents de bon nombre d’Etats africains, le défi reste énorme »
 
Malgré ces efforts, le Président de l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption estime que défis demeurent. Pour lui, cet exemple du Sénégal, « loin d’être un cas isolé, est à l’image de la vitalité observée au sein du continent même si, il faut le reconnaître, chaque pays y va à son propre rythme ». « Malgré les engagements collectifs apparents de bon nombre d’Etats africains contre la corruption, le défi reste énorme. Dans ces conditions, seuls des efforts conjugués et synergiques des gouvernants, de l’Union Africaine, des organes nationaux de lutte contre la corruption, permettront de relever le défi de la lutte contre ce fléau, en particulier et en faveur de la bonne gouvernance, de manière plus générale », a relevé Serigne Bassirou Guèye.
 
« Le CESAG a un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation, la prévention et la lutte contre la corruption »
 
L’OFNAC a organisé la commémoration de cette journée en choisissant le CESAG comme cadre pour une adoption de la bonne gouvernance. Ainsi, la Directrice générale du CESAG, Pr Worou Rosaline Dado Houndekon, dans son mot de bienvenue, a soutenu que la corruption est un fléau qui affecte tous les aspects de nos sociétés. Et le CESAG, en qu’institution d’enseignement supérieur en gestion, a « un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation, la prévention et la lutte contre la corruption ».
 
« Nous formons les futurs leaders, les gestionnaires de notre continent. Il est de notre devoir de les préparer à relever auxquels ils sont confrontés, notamment celui de la lutte contre la corruption. Nous devons leur inculquer les valeurs telles que : l’intégrité, l’éthique et la responsabilité sociale afin qu’ils deviennent des acteurs du changement dans leur domaine respectif », a souligné le Pr Worou Rosaline Dado Houndekon.
 
Le Professeur Ousmane Khouma, représentant du ministre secrétaire général de la présidence de la République, pour sa part, s’est réjoui de cette célébration conjointe OFNAC-CESAG.
 
Un panel animé par d’éminents universitaires et de la société civile sur la thématique
 
Après l’ouverture officielle de la journée et la présentation d’un sketch par la troupe théâtrale « Espoir de la banlieue » pour dire « Stop la corruption », l’OFNAC a tenu une table-ronde sur le thème de cette année. Ce grand panel a été animé par d’éminents communicateurs issus du milieu universitaire et de la société civile. Il s’agit du Pr Sémou Ndiaye de l’UCAD, qui a fait une présentation générale de « la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC) – historique, entrée en vigueur, principales dispositions, évaluation et suivi de la mise en œuvre par le Sénégal : bilan et perspectives » et M. Elimane Hady Kane, président Legs Africa, qui a exposé sur le « Rôle de la société civile dans la mise en œuvre de la CUAPLC (plaidoyer, ratification, transposition, suivi de la mise en œuvre et vulgarisation) ».
 
Au cours du panel, qui a été modéré par le Pr Abdoulaye Dièye, le CESAG a discuté avec ses étudiants sur la « Formation et éducation à la bonne gouvernance ».
 
A rappeler que l’Union africaine (UA) a adopté, à Maputo (Mozambique), le 11 juillet 2003, la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC) qui a été ratifiée, à ce jour, par 47 États membres de l’UA dont le Sénégal (le 15 février 2007). Depuis son adoption, les États membres de l’UA déploient des efforts considérables dans la prévention et la lutte contre la corruption, en adoptant notamment des lois nationales et en créant des organes dédiés à la lutte contre la corruption. Et, reconnaissante des importants progrès accomplis et consciente de la nécessité de réfléchir continuellement aux approches permettant de combattre efficacement la corruption, l’organisation a proclamé, en 2017, le 11 juillet, journée africaine de lutte contre la corruption. Ce, pour « accentuer la détermination, la mobilisation vigilante de tous et l’expertise nécessaires pour lutter contre les nombreuses facettes de la corruption à laquelle l’Afrique est confrontée; intensifier et accroître l’efficacité des efforts de plaidoyer ; renforcer et élargir les partenariats avec toutes les parties prenantes par le biais d’une collaboration stratégique visant à lutter contre la corruption sur le continent ; inciter les Etats parties à adopter les mesures visant à prévenir et lutter contre la corruption ; promouvoir la CUAPLC ainsi que les différents protocoles et chartes sur la prévention et la lutte contre la corruption en Afrique ». Et comme pour les éditions passées, un rapport de synthèse de l’activité sera élaboré et remis au Président de l’OFNAC qui le transmettra aux instances compétentes de l’Union africaine.
 
La rencontre a regroupé plus d’une centaine de participants comprenant des représentants des hautes institutions de la République, de ministères, des organisations africaines et sous- régionales, des partenaires au développement, des organes de contrôle et de régulation, du secteur privé, la société civile, des organisations de femmes et de jeunesse ainsi que la direction générale, le personnel administratif et les étudiants du CESAG, des universités et centres de recherche, des membres et agents de l’OFNAC, la presse, entre autres.
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