Face au négationnisme sur l’existence de l’ethnie Wolof L’Association Mbootayu Leppiy Wolof apporte des précisons

L'Association Mbootayu Leppiy Wolof a organisé, dimanche dernier à Dakar, une conférence de presse. Son objectif était de fournir des preuves sur l'existence de l'ethnie Wolof et de présenter ses objectifs.

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Face au négationnisme de l’existence de l‘ethnie Wolof, l’Association Mbootayu Leppiy Wolof a tenu à apporter des réponses, dimanche dernier, lors d’un point de presse à Dakar. Pour Amadou Bakhaw Diaw, président de l’Association, les gens ont tendance à considérer le Wolof comme une langue, mais pas comme une ethnie. « Nous avons tendance à faire des généralisations hâtives. Certains qualifient les ascendants de ceux qui appartiennent à l’ethnie Wolof de Sérères ou de Halpulaars. Ce qui n’est pas normal. Et cette perception continue de prospérer jusqu’à nos jours », souligne-t-il.

« Cheikh Anta Diop est qualifié de Lébou alors qu’il est d’origine Wolof »

Même dans les fresques murales représentant les ethnies du Sénégal, le Wolof n’est pas représenté, déclare Amadou Bakhaw Diaw. Selon lui, même dans l’histoire générale du Sénégal, l’ethnie Wolof n’est pas citée parmi les fondateurs de notre pays. « Comment peut-on considérer les Damel du Cayorcomme des descendants de l’ethnie Sérère ? », s’interroge-t-il. Et de poursuivre : « Le gouvernement précédent a même organisé un festival des ethnies en excluant les Wolofs et en intégrant les Lébou, alors que ces derniers sont un sous-groupe des Wolofs spécialisés dans la pêche. En plus, sur les fresques murales du monument de la Place du Souvenir Africain, Cheikh Anta Diop est qualifié de Léboualors qu’il est d’origine Wolof »

Pour déconstruire cette perception, Amadou BakhawDiaw apporte plusieurs preuves. « L’expansion de l’ethnie Wolof a rassemblé autour d’un noyau authentiquement Wolof de nombreux Sénégalais habitant la vallée du fleuve Sénégal et qui n’appartenaient pas, par naissance, à cette ethnie. Ils s’y sont pleinement intégrés par la culture. Le génie des Wolofs a été de rassembler les hommes et de leur proposer une culture accueillant tous les apports et toutes les valeurs », affirme-t-il en citant un extrait de l’ouvrage « La civilisation Sérère Pangol » du père Henri Gravrand 

« Les Wolofs ont une langue apparentée à l’égyptien antique »

Il indique également que le groupe Wolof répond aux critères ethniques tels que définis par l’anthropologue norvégien Frederik Barth. Selon lui, il existe une population, un groupe humain qui s’auto-définit comme Wolof. « Les autres ethnies identifient les Wolofs et les nomment : Socé/Surwa, Peul/Diolfo, Sérère/Opal, Maure/Kawri », énumère-t-il. Comme toute ethnie, explique Amadou Bakhaw Diaw, les Wolofs ont des terroirs spécifiques tels que le Walo, le Cayor, la presqu’île du Cap-Vert, le Djolof, le Saloum et le Bao.

« Les Wolofs ont une langue apparentée à l’égyptien antique et qui ne dérive d’aucune langue nigéro-congolaise. La mémoire collective des Wolofs a également conservé ses origines. Nous savons que nous venons de l’Égypte pharaonique (Yoro Boly Dyao) et du Sud-Soudan », explique-t-il, en précisant que les Wolofs ont une histoire marquée par la création de quatre royaumes qui ont résisté à la pénétration coloniale en Sénégambie.

« La culture Wolof à travers son soft power imprègne toute la Sénégambie »

Amadou Bakhaw Diaw souligne que le groupe ethnique Wolof possède des us, des coutumes et une culture spécifique. « La culture Wolof, à travers son soft power, imprègne toute la Sénégambie et même l’Afrique de l’Ouest. Le mot Tabaski en est une illustration », avance-t-il.

Toutefois, selon le président de l’Association Mbootayu Leppiy Wolof, les Wolofs du Walo, du Saloum, du Baol, du Cayor, du Cap-Vert et du Djolofpartagent la même culture et parlent la même langue, avec des accents différents. Les Wolofs se perpétuent biologiquement. C’est le cas des patronymes Ndiaye, Diaw, Ndao, Fall, et Dieng, qui connaissent leurs ancêtres communs à travers des généalogies bien conservées, précise-t-il, en ajoutant que les Wolofs ont une spiritualité spécifique à travers les pratiques animistes du Xamb et du Tuur. Musulmans depuis le Xe siècle, ils ont intégré l’islam en fondant quatre confréries (Tidiane, Mouride, Niassène et Layène), détaille-t-il.

De son côté, Babacar Mbaye Ndack, conteur et membre de Mbootayu Leepiy Mbor Wolof, a fustigé « les théoriciens de plateaux télé, habillés fallacieusement de respectabilité, qui déversent des thèses homicides pour ensevelir la nation Wolof », tandis que le groupe Wolof représente 43 % de la population sénégalaise, dont 90 % des Sénégalais parlent Wolof. L’Association Mbootayu Leepiy MborWolof compte organiser prochainement un grand festival pour vulgariser la culture Wolof et le vivre-ensemble au Sénégal.

El Hadji Ibrahima FAYE

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